— Alors ?
— Le Danseuse est parti dix
minutes après toi. Apparemment deux personnes à bord. Probablement les mêmes.
Ils n’ont rien embarqué de plus qu’un sac par personne comme d’habitude.
Pas d’identification AIS. Cinq minutes derrière, deux autres catamarans : un
genre Lagoon 39 qui ressemble à un charter ou une location sinon c’est bien
imité. Pas d’AIS non plus et le nom était masqué d’ici par l’annexe. Et
un autre d’un modèle que je ne connais pas avec trois personnes à bord
toujours sans AIS dont le nom commence par Arct… Ça pourrait être Arcturus
ou Arctique… On a aussi deux charters Dream Croisière qui sortent mais j’ai
reconnu les skippers c’est Stéphane pour l’un et Maxime pour l’autre. Tu
devrais pouvoir les identifier comme le Dream Juliette et le Dream Corine. Il y
avait deux autres monocoques devant toi le Fleur de Sel et le Karim qui se sont
dirigés vers les mouillages de Sainte-Anne et Arcadia 5 qui a quitté Caritan
pour le sud à peu près au moment où tu passais à son niveau. Je ne l’ai
pas vu d’ici mais seulement à l’écran. Tu dois l’avoir aussi. S’il y
en a d’autres sans transpondeur, je ne peux plus les suivre. Je ne te parle
pas de ceux qui étaient loin devant ni de ceux qui rentrent ou qui partent vers
le nord.
— OK merci j’ai bien compris. Ce qui m’intéresse
actuellement ce sont surtout les bateaux non identifiés que tu as pu observer
et moi pas. Actuellement je suis par N 14°20,47' W 060°55,30'.
— Bon
c’est noté apparemment tu as le Danseuse aux fesses. Ça doit être le
premier qui te suit. Est-ce que tu l’as en visu ou au radar ?
— Si
c’est le premier suiveur non identifié, je viens de le verrouiller sur le
radar. Pour l’instant je suis la route classique pour passer sous le vent de
Sainte-Lucie à cinq nœuds en mode discret. J’allumerai ensuite le
transpondeur pour me signaler puis je vais ralentir et me traîner à trois
nœuds. Bien qu’on s’en doute un peu, on va savoir ce qu’il fait. S’il
ralentit, c’est qu’il est à mes trousses. Je vais ensuite l’emmener
lentement sous le vent de Sainte-Lucie pour y être à la nuit tombante et on
jouera à cache-cache là-bas. Je verrai bien si les deux autres me doublent ou
restent derrière. Pour avancer à trois nœuds avec un catamaran, il faut
vraiment le faire exprès et freiner des deux pieds. En ce qui concerne le
Danseuse, d’après nos observations, ils n’ont pas embarqué de vivres ou
alors discrètement, si c’est le cas ils ne nous accompagneront pas longtemps.
Est-ce que les deux autres t’ont semblé chargés ?
— Je n’ai rien
remarqué d’anormal, le Lagoon 39 enfonçait un peu de l’arrière mais sans
excès compte tenu du nombre de personnes dans le cockpit. Celui-ci ressemble
vraiment à une location ou un charter qui a simplement oublié d’allumer sa
balise. D’ailleurs il y a un enfant à bord. L’autre m’a semblé normal.
C’est un bateau ancien, il n’a peut-être jamais été équipé. Surveille
s’il te suit. Maintenant je retourne à bord.
— Très bien. On va
bientôt sortir de la couverture GSM. Le prochain contact se fera par satellite
en phonie ou par mail. En cas de problème avec le satellite, on applique la
procédure.
— Peuchère !
Raymond n’a pas une confiance totale dans
la fiabilité des communications par satellite. En bon radioamateur, il a
élaboré toute une stratégie permettant de dialoguer directement par radio
avec codage des positions transmises, des fréquences et horaires de rendez-vous
etc… Avec les équipements présents sur leurs deux bateaux, ils peuvent
transmettre sur n’importe quelle fréquence. Et si des contacts confidentiels
deviennent nécessaires, ils sont en mesure de s’envoyer des messages
numériques en mode texte chiffrés à l’aide de clés qui changent tous les
jours. Sacré Raymond !
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