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L'Or Des Garimpeiros |
Chapitre 5Raymond tend un carnet et un stylo à
Murielle.
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— Oui c’est ça.
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— L'or des garimpeiros, explique Patrick, les
orpailleurs clandestins qui polluent la Guyane. Les cours de l’or ont
énormément augmenté ce qui à générer une ruée. On estime que plus de dix
milles chercheurs d'or issus du Suriname et du Brésil voisins se sont
installés dans des centaines de camps dissimulées dans la jungle et en
produisent illégalement entre cinq et dix tonnes par an en rejetant du mercure
dans les rivières. Le fonctionnement de ces camps nécessite toute une
organisation pour l’approvisionnement en vivres et en matériel au point
qu’une économie locale s’y est créée où tout se vend et s’achète en
grammes d’or. Cette production doit ensuite être exportée dans la plus
grande discrétion vers des sociétés opaques d'affinage et de commerce de
métaux précieux transformant cet or en euros ou en dollars qui se retrouvent
finalement dans des banques situées dans les paradis fiscaux. Il y en a donc
beaucoup qui se promène en Guyane, à pied, en pirogue et même en avion grâce
à des petites pistes dissimulées dans la nature. Certains amérindiens ont
cédé à la tentation et participent à son transport à travers cette forêt
qu’ils sont les seuls à connaître parfaitement. Je viens de passer plusieurs
mois dans ce milieu avec une équipe pour faire un reportage où on parlera
autant de l’orpaillage légal que de l’orpaillage clandestin, des trafics en
tous genres et surtout du désastre écologique provoqué par cette
activité.
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— Charmant, dit Béa. Pour plomber une soirée
c’est top. Ça fait combien de morts en tout ?
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— Justement répond Alex, vingt-cinq mètres sans
être des plongées très profondes, ce n’est quand même pas dans les dix
mètres. En plus on sera en autonomie complète, il va donc falloir du
matériel. Je ne suis pas plongeur. Mes plongées les plus profondes ne
dépassent pas le tirant d’eau de mon bateau pour nettoyer la coque. Nina a
peur si je vais plus profond. Je n’ai pas ce qu’il faut à bord, loin de
là. Et puis quand on va arriver là-bas, on ne va pas trouver un petit drapeau
indiquant « C’est ici ». On risque de chercher longtemps. La position de
Murielle, c’est la position notée par le commandant. Est-ce qu’il l’a
enregistrée juste au moment où son bateau était là où ça a sauté ? On
peut supposer qu’il n’a pas écrit la positon sur un post-it mais qu’il a
créé une marque de parcours sur son système en appuyant sur un bouton. La
position qu’a mémorisée Murielle doit être juste et elle reconnaît
l’endroit sur la carte mais toute la scène a pu aussi dériver un peu entre
le temps où les gars ont jeté la caisse et le moment où le bateau de la
douane est arrivé car il doit y avoir du courant par là et les bateaux
n’étaient peut-être pas complètement immobiles. Ensuite la caisse n’est
sans doute pas descendue droit. Si on n’attend pas six mois, on devrait voir
les épaves des bateaux mais eux non plus ne sont certainement pas descendus à
la verticale. Les épaves peuvent très bien se trouver à plus de cent mètres
de la caisse. En plus si elle ne s’est pas cassée en arrivant au fond, elle a
très bien pu s’enfoncer et ne plus être très visible. Ce n’est pas si
simple, il va falloir du matériel conséquent et ne rien oublier. Enfin si ça
se passe sur mon bateau, il faut le faire en sécurité. De toute façon avec
Nina à bord on n’aura pas le choix, c’est une commission de sécurité
permanente à elle toute seule. Par exemple il faudra que toutes les plongées
se fassent à deux. Normalement en plongée c’est une règle mais je connais
quelques fondus qui ne la respectent pas toujours.
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