Le vent continue de mollir en tournant vers le
sud-sud-est et enfin La Blanquilla apparaît à l’horizon un peu à gauche. Le
cap avait été modifié pour garder les deux génois mais maintenant il est
temps de rattraper la route directe. Le génois léger est donc affalé. Pour ne
pas avoir à le plier et ranger de suite, il est ferlé sur les filières à
bâbord. Le tangon a repris sa place le long du mat. La grand-voile et la
trinquette renvoyées. Le bateau avance encore vite car cette allure lui va bien
et quelques heures plus tard il se trouve devant l’entrée de House Anchorage
qui se situe effectivement à l’endroit indiqué sur la carte. Le moteur est
mis en marche, le génois est roulé, la trinquette est descendue. Nina se rend
dans le poste avant ouvrir le capot qui permet de sortir la commande du
guindeau. Sur le Sirius, il appartient à Nina, c’est son domaine Alex y
touche rarement sauf pour la maintenance. Sur un bateau, le guindeau est un
appareil puissant mais sensible qui nécessite de la délicatesse si l’on ne
tient pas à avoir des problèmes. C’est comme cela depuis longtemps, inutile
de changer ce qui marche. Sur le pont avant, il y a deux guindeaux : le
principal, électrique et un second, manuel un peu en retrait qui sert soit de
secours soit pour manœuvrer un deuxième mouillage si besoin. Nina ressort sur
le pont. Petit coup de descente pour sortir un mètre de chaîne. Puis elle
détache la sécurité qui verrouille l’ancre, la fait sortir de la ferrure
d’étrave sur son galet et le mouillage se retrouve pendu au nez du bateau
prêt à descendre. La baie n’est vraiment pas large, environ cent cinquante
mètres mais comme il n’y a que quatre mètres de profondeur, il ne sera pas
nécessaire d’utiliser une grande longueur de chaîne ce qui limitera le rayon
d’évitage. Alex amène doucement le bateau juste au centre de la petite baie
et crie « Mouille ». Immédiatement l’ancre descend. Il enclenche alors la
marche arrière pour étaler la chaîne sur le fond sans faire de tas. Lorsque
Nina voit passer le repère de peinture des trente mètres, elle freine et
bloque le guindeau. En tirant doucement sur l’ancre avec la marche arrière et
en prenant un repère à terre, Alex s’assure que l’ancre a bien croché le
fond et que le bateau ne bouge plus. L’estrope est installée. Nina sort
encore un peu de chaîne pour libérer totalement le guindeau. Le moteur est
arrêté, bienvenue à La Blanquilla. Immédiatement Dom installe l’échelle
de coupée car le zodiac empêche d’utiliser celle du tableau arrière
incliné. Puis tout l’équipage va se baigner dans ce décor de rêve. C’est
une escale carte postale, l’eau est transparente comme du verre, on a
l’impression que le bateau est en l’air car on ne voit plus la différence
entre la partie au-dessus et au-dessous de la ligne de flottaison, son ombre se
projette au fond ainsi que celle des baigneurs, de jolis poissons colorés se
promènent dans ce décor d’aquarium qui paraît trop beau pour être vrai.
Plus personne n’ose faire de bruit pour ne pas troubler cet
équilibre.
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