— Levons l’ancre, propose Nina, on verra
bien où il va et si besoin, on revient. Ils ne sont visiblement pas mal
intentionnés vis à vis de nous, profitons-en.
— Tu as raison,
d’accord.
L’ancre est levée et le Sirius repend sa route habituelle
avec une surveillance accrue du radar. Arrivé à Punta Cabecera, le navire
réapparaît aussi bien sur le radar qu’à l’œil. Il longe la côte est de
l’île en direction du nord en avançant à quatre nœuds ce qui est très
lent pour un bâtiment de cette taille. On imagine bien l’équipage en train
de regarder la côte aux jumelles à la recherche du moindre détail. À cette
vitesse, il en a pour deux heures à faire le tour de l’île puis repartir
vers l’ouest. Alex préfère faire demi-tour.
— On attend deux heures et
on repart. Si arrivé à l’est de La Blanquilla, on ne le voit plus, c’est
qu’il est parti vers l’ouest. Il aura probablement accéléré et sera
loin.
Plutôt que de rentrer à South Bay, le Sirius va rester à la cape au
sud de l’île puis reprendre sa route vers l’îlot Orquilla car le bateau
militaire n’est plus en vue.
Dom et Béa vont descendre et comme
aujourd’hui il n’y aura qu’une plongée, Patrick se propose d’attendre
dans le zodiac. Il ne doit pas craindre de se faire secouer pendant une heure en
plein soleil. Béa a la GoPro sur la tête car l’équipe a pris goût à la
petite projection du soir. Si en plus on pouvait y découvrir la
caisse…
Béa et Dom vont parcourir la zone un peu plus loin où là aussi
le fond est jonché de débris de bateau avec en plus les deux grosses
structures que sont la partie arrière du pont et le fond de la moitié
arrière de la coque sur laquelle se trouvent les deux imposants moteurs
jusqu’aux hélices qui doivent être enfouies dans le sable. Tous les deux se
disent : pourvu que la caisse ne soit pas la-dessous. Alex et Raymond leur ont
fait peur en pensant que ce bateau a très bien pu tomber sur ce qu’ils
cherchent d’autant que jusqu’à présent ils ne se sont pas trop trompés.
Si pour une fois ils pouvaient avoir tort ces deux-là ! Car bien sûr, après
avoir tout remué, déplacé ce qui pouvait l’être, aucune caisse n’est en
vue. En fin de plongée, Dom bouge un bloc d’aménagement éclaté et voit
tomber une sacoche en cuir comme un porte-document ou un cartable d’élève.
Pris d’une envie de ramener un souvenir, il prend la sacoche par la poignée
et continue ses recherches avec son butin à la main. Béa rit dans son masque
et se dit qu’au moins ce soir il y aura quelque chose de rigolo à montrer aux
copains. Ils remontent et pendant le palier, Béa s’intéresse au cartable de
Dom et veut le toucher. Dom le serre dans ses bras et regarde Béa d’un air de
dire :
— Non, c’est à moi.
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