Les trois amis se dirigent vers la droite de la
plage où ils ont aperçu ce qui pourrait être un sentier. Il en rejoint un
autre plus large qui les amène vers un groupe de trois constructions autour
d’une cour en terre battue. Il n’y a pas âme qui vive ici et apparemment
depuis longtemps. Les vitres sont très poussiéreuses, la végétation pousse
devant les portes et les fenêtres. On ne voit aucun véhicule à moteur. Un
chariot à bras est stationné près d’un bâtiment. Ses pneus sont à plat.
À part cela, la cour est totalement vide. Il règne une atmosphère un peu
étrange, surréaliste, presque lugubre comme si l’endroit avait été
déserté par les hommes suite à une catastrophe. Le vent souffle sur cette
grande place abandonnée en levant le sable et la poussière. Quelques cabanes
sont disséminées aux alentours, un passage mène à une zone où sont
entreposés quelques conteneurs qui ont pu servir à transporter les matériaux.
Mais comment ont-ils été amenés là ? Seule une porte de ce qui semble être
le bâtiment principal a été forcée. Une vitre et la serrure sont cassées.
À l’intérieur un bureau avec quelques stylos, une vieille machine à écrire
dans un coin, un porte tampon vide avec un encreur pas totalement sec mais
presque. Combien de temps met un encreur à sécher ? Un certain temps ?
Patrick fait beaucoup de photos pour pouvoir analyser tout cela à bord. Une
visite à la piste d’aviation pourrait être instructive. Un chemin les y
conduit. En le suivant, ils constatent que des véhicules ont circulé ici, il y
a longtemps, mais aucun n’a été vu pour l’instant, ni en état ni
abandonné et il n’y a plus aucune trace d’empreinte de pneu. Cette piste
est bien sûr orientée est - ouest et compte tenu des vents dominants dans la
région, un avion se poserait forcement sur la partie ouest. Elle n’est pas
très longue mais suffisante pour un petit mono ou bimoteur. L’atterrissage
doit quand même être un peu sportif car elle n’est ni goudronnée ni
dallée. C’est en fait une bande de terre assez large sur laquelle la
végétation est en train de reprendre le dessus. Des trous se forment un peu
partout. Ils vont observer la partie où logiquement un avion se poserait
c’est-à-dire presque au bout, à la recherche de traces de pneu pouvant
montrer une utilisation récente et en trouvent effectivement. Lorsqu’un avion
se pose sur de la terre, il laisse au point de contact des roues des traces bien
visibles qui creusent le sol et arrachent la végétation. On aperçoit les
marques de deux atterrissages récents mais pas du même appareil car
l’écartement des roues et la taille des pneus différent. Ils distinguent
aussi d’autres traces plus anciennes en partie effacées par le vent. Aucune
antenne ou reste d’antenne n’apparaît sur les bâtiments. Sans parler de
radar, il paraîtrait logique de trouver quelque part au moins une antenne VHF
pour communiquer avec les appareils en approche ou même les bateaux autour de
l’île. Rien. L’impression qui ressort est que toutes ces installations
auraient été construites mais jamais utilisées. Or on sait que cette base a
été active puisque des navigateurs ont publié des récits de rencontres avec
des militaires en faction. Tout aurait donc été rangé, nettoyé et
abandonné.
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