Le Sirius n’a pas fait beaucoup de chemin sur
le retour et en regardant vers l’arrière, on voit maintenant une fumée
blanche s’élever et surtout la chaloupe du RUILOBA faire route vers l’est.
Elle va contourner l’île pour rejoindre son cargo vers le nord en dehors des
eaux territoriales du Venezuela. Le nuage de fumée est probablement dû à la
mise en route du moteur en panne après une intervention sur l’injection. Il
est probable qu’il va bientôt sortir et risque de se trouver à un endroit
d’où il pourrait les voir. Alex fait dérouler le génois et pousse le moteur
à fond. Il veut s’éloigner au maximum de l’endroit où El Voluntario va
sortir de derrière la côte et si possible tourner Punta Bobos rapidement. Le
voilier fonce à plus de huit nœuds en planant sur les vagues. Les regards sont
tournés vers l’arrière et, au moment de doubler la pointe, El Voluntario
apparaît cap au sud. Le Sirius est déjà caché et se tient suffisamment près
de la côte pour ne pas être remarqué. Adios El Voluntario. La voie est
libre ! Béa roule le génois, Alex met le moteur au ralenti et
annonce :
— On attend qu’il s’éloigne suffisamment, on reprend notre
place à South Bay et demain on va la chercher cette foutue caisse.
À
entendre les cris de joie, on imagine ce que ce sera quand la caisse arrivera à
bord.
— Bien joué Alex, dit Nina.
L’équipage est heureux de
retrouver son camp de base et la première chose que fait Alex, c’est
d’appeler Raymond. Dans une longue conversation, il lui raconte la journée
d’aujourd’hui et chacun y va de son petit mot. Ils savent tous qu’il
aimerait être là. Avec le nom et le port d’attache du supposé cargo, il est
probable qu’il va faire des recherches et donnera sous peu des informations
sur ce navire.
Dans la soirée Raymond appelle :
— J’ai trouvé
des infos sur le RUILOBA. C’est un porte-conteneurs qui a été équipé de
deux grues pour pouvoir être utilisé aussi comme vraquier. Il mesure
quatre-vingt-neuf mètres, quatre mille trois cent cinquante tonnes, tirant
d’eau six mètres soixante, sa vitesse maximum est de seize nœuds. D’après
MarineTraffic, il est parti de Valparaiso au Chili, a passé Panama et se rend
à Anvers. Si on regarde sa dernière position c’est 12°19,79'N –
063°51,61'W mais cette position a deux jours, donc il a pu se déplacer
transpondeur éteint pour se rapprocher un peu de La Blanquilla et diminuer la
distance à parcourir par sa chaloupe. Si on se base sur sa vitesse moyenne, il
devrait être à Anvers dans quatorze jours avec une cargaison de probablement
plusieurs centaines de kilos de drogue dure. Ça ne te pose pas un cas de
conscience ?
— Oui c’est vrai. Qu’est-ce que tu en penses ?
—
Je ne sais pas demande à Murielle, elle s’y connaît…
— Bon quatorze
jours, on a le temps de voir. J’espère que nous serons
rentrés.
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