Il y a bien un dessalinisateur à bord petit
par son débit mais énorme par sa consommation. S’il fallait compter sur lui
pour alimenter le bord il nécessiterait deux heures de groupe par jour et le
gasoil correspondant. Il est donc là en sécurité en cas de besoin si le
voyage devait durer plus longtemps que prévu et à condition qu’il reste du
gasoil. En attendant il faut faire durer les mille litres de réserve d’eau
par exemple en se lavant à l’eau de mer. On s’y habitue très bien, il
suffit de bien s’essuyer avec une serviette pour enlever le sel. Idem pour le
linge qu’il faut bien essorer avant de le faire sécher au vent pour en faire
partir le sel.
Le petit déjeuner préféré d’Alex est le poisson volant,
goût que Dom partage tout à fait mais pas du tout Nina. Lorsqu’on navigue
sous les tropiques et que la mer est assez agitée, on récupère souvent
quelques poissons volants malheureux qui ont apponté pendant la nuit. Grillés
à la poêle avec un peu d’huile d’olives, certains adorent attaquer une
nouvelle journée de cette manière. Beaucoup pensent que les poissons volants
ont simplement des nageoires plus grandes que les autres ce qui leur permet de
sauter plus loin. C’est faux, ils volent vraiment. Certes ils profitent du
haut d’une vague pour s’élancer mais une fois en l’air ils utilisent
réellement leurs ailes pour voler comme les oiseaux. Ils peuvent changer de
direction et même monter de plusieurs mètres au-dessus de la vague d’où ils
sont partis. Ils ne font pas cela par plaisir mais pour fuir leurs prédateurs.
Malheureusement pour eux, ils leur arrivent surtout la nuit de ne pas voir le
bateau d’Alex passer par là tous feux éteints et de finir au petit déjeuner
dans sa poêle à frire. Ce matin il n’y a pas de poisson volant sur le pont
car les côtes de Sainte-Lucie sont trop proches et cassent la houle de
l’Océan Atlantique, de plus le vent n’est pas assez fort. Dom et Béa se
lèvent.
— Bien dormi ?
— Impeccable. rien de spécial ?
—
Non, tout va bien, plus personne à nos trousses. Le café est prêt. Le thé
pour Béa aussi.
— C’est Costa Croisière ici !
Une fois le petit
déjeuner pris, Alex annonce le nouveau cap compas à suivre : deux cent
quarante-cinq degrés route directe sur La Blanquilla à deux cent dix-sept
miles. Patrick ajuste un peu les voiles et va se coucher.
Nina prend la
barre.
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