Dom et Patrick tout équipés partent avec Alex
aux commandes du zodiac. Patrick a sa GoPro sur la tête. La méthode est
rodée, les plongeurs descendent. Alex prévient Nina et commence son attente,
bercé par la mer.
Les plongeurs arrivent en bas et reconnaissent
parfaitement les lieux. Ils commencent à parcourir la zone à quelques mètres
du fond parfois un des deux déplace un panneau ou quelque chose qui pourrait
cacher la caisse mais ne voient rien que des objets hétéroclites éparpillés.
Par contre un morceau de l’étrave du bateau est là couché sur le côté.
Ils s’en approchent. Et si la caisse était dessous ? De toute évidence ce
morceau de bateau est très lourd. Patrick en fait le tour. Il attrape une main
courante en inox toute tordue qui devait ceinturer le pont. Il pose ses deux
pieds au sol et essaye de toutes ses forces de soulever la pièce pour la
basculer de l’autre côté. Dom voit immédiatement le danger et bondit pour
arrêter Patrick. Il ne faut jamais faire d’effort violent en plongée. On
n'improvise pas à trente mètres de profondeur, on ne fait que ce qu’il a
été prévu de faire. Le risque d’un gros effort à cette profondeur est
l’essoufflement qui est la deuxième cause d’accident après les problèmes
de décompression et y conduit parfois. À terre lorsqu’une personne fait un
effort violent, sa respiration s’accélère ce qui bien sûr ne pose pas de
problème puisque l’air n’est pas limité. Sous l’eau et particulièrement
à grande profondeur, la quantité d’air disponible est limitée par le débit
du détendeur. Le plongeur va alors avoir l’impression qu’il manque d’air
et toujours vouloir en aspirer plus sans penser à vider ses poumons.
L’impression de manquer d’air va s’accroître et créer une panique
augmentant le phénomène qui peut le conduire à enlever ce détendeur qui
l’empêche d’aspirer et là, c’est la noyade ou alors pousser le plongeur
à une remontée en panique et là, c’est l’accident de décompression. Un
plongeur expérimenté pourra déceler l’approche d’un essoufflement et se
forcer à expirer profondément. En remontant un peu, il pourra alors reprendre
le dessus et une respiration normale. À trente mètres, un essoufflement
survient en quelques secondes. Si le plongeur n’arrive plus à contrôler sa
respiration et s’il ne peut pas compter sur la vigilance de son binôme, il
risque un accident. Dom attrape Patrick et le fait remonter lentement d’une
dizaine de mètres. Il lui demande par signe si ça va ce à quoi il répond par
le signe OK. Par sécurité il lui fait comprendre de respirer au même rythme
que lui. Pendant deux minutes ils restent là, sans bouger à respirer
calmement. Dom aurait pu décider d’arrêter la plongée mais ne voulant pas
dramatiser ce qui est resté un incident sans conséquence, redescend en lui
faisant signe de le suivre. Ils retournent vers ce morceau de bateau et le
regardent de près. Sans essayer de le déplacer, Dom le secoue juste un peu
pour voir s’il bouge, mais non il est parfaitement posé au fond de tout son
poids. Et si la caisse était dessous ? Patrick à côté le regarde et n’ose
plus bouger car il a bien compris que si Dom n’a pas interrompu la plongée et
qu’il est revenu secouer un peu ce truc, c’est pour lui faire plaisir. Il se
rend compte qu’il a fait une énorme bêtise. Que Dom vient peut-être de lui
sauver la vie et qu’il ne faudrait pas qu’il se prenne pour un plongeur du
niveau de Dom et Béa. Il en est très loin. Sous leur apparence de fondus
casse-cous se cachent de vrais professionnels. Alex le sait et sans eux, jamais
il ne se serait lancé dans cette expédition. Ils remontent maintenant
tranquillement, font un palier un peu plus long que d’habitude ce qui ne peut
pas nuire, puis émergent plus tôt que prévu car ils ont consommé un peu plus
d’air.
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