— Tout cela est possible, mais ne repose que
sur de vagues hypothèses, conclut Alex.
Nina téléphone à Murielle pour
obtenir des informations sur le déclenchement des secours. Elle a fait tout ce
qu’il fallait et a communiqué la route du bateau ainsi que la zone où est
supposé se trouver le radeau. Des recherches aériennes vont être lancées,
mais pas avant le lendemain, car il est trop tard pour que des secours aient le
temps d’intervenir avant la nuit. Un avion va décoller de bonne heure et
ratisser la zone. Nina lui fait part de leurs réflexions et de leurs doutes.
Murielle a aussi prévenu la police de la gravité de la situation. D’autre
part, on l’a informée que l’Ombre Blanche n’est plus considéré comme un
bateau volé, mais reste un bateau en cours de rapatriement avec une avarie. Les
propriétaires sont priés de prendre contact avec les autorités lorsqu’il
sera rentré au port et en sécurité. Comme si c’était le plus important...
Patrick, de son côté, mène une enquête au Marin pour essayer de savoir ce
qui s’est passé et qui sont ces voleurs. Il est allé voir au centre de
plongée si tout se passait bien et lui demande de rassurer Béa. Ils se
débrouillent, et il a proposé son aide au cas où ils auraient besoin de
quelqu’un, non pas pour remplacer un plongeur, mais au moins pour de la
logistique ou autre.
Béa est rassurée de savoir que son équipe peu
travailler sans eux et que Patrick est là si nécessaire.
Alex demande
maintenant à virer de bord. Il voudrait rejoindre l’axe de la dérive de
l’Ombre Blanche avant la nuit qui approche. Ils n’ont rien vu qui puisse
ressembler à un radeau de survie. On parle de chercher une aiguille dans une
botte de foin, mais on pourrait aussi bien dire un radeau sur l’océan. Le
Sirius va passer la nuit à la cape, génois roulé, trinquette à contre et
grand-voile à deux ris, ce qui le rend relativement confortable malgré la
houle. Après un repas sans Dom au fourneau, donc principalement à base d’une
conserve qui les conduira de façon très lointaine vers Castelnaudary, ils
feront trois quarts de surveillance de quatre heures, ce qui les amènera à
l’aube d’une nouvelle journée de recherches. Pendant la nuit, Alex, qui se
repose, écoute Nina et Béa discuter dans le cockpit. Elles ont un point
commun, c’est que toutes les deux vivent avec quelqu’un d’intenable, Alex
sur l’eau et Dom dessous. Elles reconnaissent cependant que cela leur plaît
et qu’elles ne voudraient pas changer. Nina confie à Béa qu'Alex, maintenant
âgé de soixante-cinq ans, un âge où l'on commence à regarder le chemin
parcouru plus que celui restant à parcourir, s'est mis à écrire un livre
qu'il refuse catégoriquement de considérer comme ses mémoires et dont le
titre est « Une vie de cancre ». C’est assez drôle, et si ce n’est pas
ses mémoires, ce sont celles de quelqu’un qui lui ressemble
assez.
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