Prologue
Il y a quatre ans,
au cours d’une soirée dans le Cul-de-sac du Marin en Martinique, sept amis
sont réunis dans le carré de l’Ombre Blanche, le magnifique ketch1 de
Raymond, ancien dentiste maintenant âgé. Nina, professeure en histoire de
l’art, et Alex, ancien ingénieur en électronique, qui ne comptent plus les
milles parcourus avec leur bateau sur lequel ils vivent depuis de nombreuses
années, Béa, kiné de son état, et Dom, plongeur de l’extrême, vivant eux
aussi sur leur voilier, Murielle, qui a failli être marin des douanes mais y a
renoncé à sa première mission, et Patrick, le reporter dont la carrure ne
peut laisser personne indifférent, partagent une dorade au poivre avec lui au
cours d’un repas bien arrosé. Dans l’ambiance de cette douce soirée
tropicale, la conversation glisse sur un sujet qui ne laisse aucun navigateur ni
plongeur indifférent : les trésors engloutis. Murielle raconte alors sa
première et unique mission en tant que stagiaire, qui s’est terminée par un
carnage et sa démission.
Dans les îles du nord du Venezuela, un bateau de
trafiquants est coulé à coups d’explosifs par des pirates, eux-mêmes
recherchés, par la vedette des douanes sur laquelle elle se trouve dans le
cadre d’une mission spéciale et qui arrive justement sur zone à ce
moment-là. La vedette essuie alors des tirs fournis en provenance de ce bateau,
auxquels l’équipage riposte en tirant dans la coque pour tenter de
neutraliser les assaillants. À la stupéfaction générale, le bateau explose,
laissant sur l’eau une scène d’horreur que Murielle ne peut supporter. Elle
tombe inanimée sur le plancher de la timonerie. Mais avant de s’évanouir, il
y a une chose qu’elle a été la seule à voir. Juste avant que le premier
bateau explose et alors que tout l’équipage de la vedette est mobilisé à la
préparation d’une intervention, elle a vu deux hommes jeter une lourde caisse
à la mer. Elle ne sait pas ce qu’il y a dans cette caisse, mais elle est la
seule à savoir qu’elle est là. Compte tenu du fait que ce bateau des douanes
françaises n’avait pas le droit d’intervenir de cette manière dans les
eaux territoriales vénézuéliennes, dès leur retour en Martinique,
l’état-major a décidé qu’officiellement, il ne s’était rien passé ce
jour-là et cette histoire est oubliée.
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