— Bon, on pense qu’il y a une sacoche
dissimulée quelque part dans ce bateau, dit-il. Si on a une idée de ce
qu’elle contient, on ne sait pas où elle est. Elle n’est probablement pas
simplement dans un placard, car vous l’auriez déjà trouvée. On sait que les
flics non plus n’ont rien trouvé, sinon ils ne seraient pas partis sur une
gamberge de vol de bateau pour un convoyage de drogue. Comme on ne va pas tout
démonter, il faut se demander où on cacherait nous-mêmes un petit sac de
voyage. La première chose qui vient à l’idée, c’est derrière un
vaigrage, mais les traces de démontage d’un vaigrage dans la précipitation
peuvent se voir. Donc, il faut chercher un vaigrage qui soit lui-même un peu
dissimulé, par exemple au fond d’un placard ou derrière un appareil.
Ensuite, il faut qu’il y ait suffisamment de place derrière pour l’y
mettre. Avant de démonter quoi que ce soit, il faut chercher des traces de
démontage. Cherchons.
Et tout le monde cherche.
Alex connaît très
bien la table à cartes de ce bateau pour y être souvent intervenu. Il va donc
regarder derrière le panneau des instruments, qui n’est pas une bonne
cachette puisqu’il peut s’ouvrir sans outils. Dom ausculte les espaces
situés sous les hiloires où se trouvent les moteurs des gros winchs
électriques et leur câblage. Ces espaces sont prévus pour être démontables
facilement, mais l’idée n’est pas idiote dans la mesure où celui de
bâbord est directement accessible à partir de la cabine où s’était
installé Roberto Buarque alias Pierre Frelon alias Peter.
Béa se traîne
dans les recoins de la cuisine. En dessous de la cuisinière, il y a un espace.
Couchée par terre, elle sort les casseroles et autres instruments mélangés en
vrac dans ce volume, en appelant :
— J’ai peut-être une piste !
C’est la pagaille là-dedans, comme si on y avait balancé les instruments de
cuisine pêle-mêle dans la précipitation, et derrière la cuisinière, il y a
de la place.
Elle sort des casseroles, des poêles, une cocotte-minute,
etc., et les passe à Hervé en disant.
— Il y a un panneau au fond qui
doit communiquer avec l’espace derrière la cuisinière.
On l’entend
taper pour vérifier si ça sonne creux.
— Passez-moi une
lampe.
Hervé lui tend son téléphone avec la torche allumée.
—
Oui, ça a été démonté ici, s’esclaffe-t-elle. Il y a même des vis qui ne
sont pas complètement resserrées. Passez-moi un tournevis
cruciforme.
Pascale trouve l’outil et lui tend. On l’entend s’affairer
au fond de son trou en souffrant.
— Chaque fois que tu as besoin d’une
casserole, tu vas la chercher là-dedans ? demande Dom à Pascale.
— Bien
sûr que non. Ici, il n’y a que quelques trucs qui ne servent jamais. Les
casseroles courantes, elles sont à côté, là.
Dom ouvre le placard que
lui montre Pascale et ne voit que quelques casseroles empilées et des
ustensiles de cuisine.
— On a déplacé des casseroles. Qui a déplacé
mes casseroles ?
— Roberto Buarque, ou la police. En tout cas, ce
n’est pas moi, lui répond Hervé. En fait, on est loin d’avoir fini de
faire le ménage dans le bateau. On va sans doute avoir encore quelques
surprises.
Béa a fini d’extraire les vis et sort de son trou avec un
panneau de contreplaqué qu’elle pose à côté d’elle, puis y retourne.
— Je l’ai ! Il est là, l’entend-on crier ! Il est coincé là au
fond !
Le sac a été poussé vers le haut dans l’intervalle situé entre
la cuisinière et la coque, en passant par le fond de cet espace. On entend Béa
batailler pour essayer de le faire descendre et tourner pour pouvoir le tirer
vers elle. Au bout de quelques minutes, pendant lesquelles ses sept amis restés
dehors voudraient être dans le trou avec elle, elle s’extrait enfin de
là-dessous avec un joli sac en cuir souple marron. Patrick reconnaît tout de
suite celui qu’il a vu sur les vidéos de la caméra de surveillance de
l’aéroport d’Itaituba.
Le sac est transporté sur la table du carré
avec beaucoup de précautions, comme s’il risquait d’exploser, même s’il
est évident que si c’était le cas, ils seraient déjà au courant. La
fermeture éclair est fermée avec un cadenas, objet totalement dérisoire qui
n’a jamais empêché d’ouvrir un sac. Hervé tend une grosse pince coupante
à Patrick, qui d’un seul coup le décapite et dit à Béa :
—
Vas-y.
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