Chapitre
19
Hervé reçoit un coup de
téléphone du commissaire Lebeau, chargé de l'affaire, l'invitant à venir le
voir. Lorsque l'on reçoit ce genre d'invitation au jour et à l'heure imposée
par celui qui invite, on appelle plutôt cela une convocation. Hervé note au
passage que c'est lui qui est convoqué et non Pascale, qui est pourtant la
propriétaire du bateau.
Il en informe Alex, qui sonne immédiatement le
branle-bas de combat avec rassemblement général, et tout le monde se retrouve
chez Hervé.
Alex, toujours suspicieux, demande à Hervé de lui confier
son téléphone quelques minutes, pendant lesquelles il va y installer une
application de son cru à partir de son serveur. Celle-ci s'exécute en
arrière-plan et donc de façon invisible et permet d'envoyer toute une
conversation sur son serveur, où elle est enregistrée et stockée de façon
parfaitement sécurisée. D’autre part, Alex peut écouter la conversation en
très léger différé de quelques secondes sur un ordinateur ou même son
téléphone. De plus, par ce même programme, il peut lui envoyer de manière
chiffrée des petits textos qui s'effacent sans laisser aucune trace dès qu'ils
ont été lus. En cas de confiscation du téléphone, rien ne sera
récupérable, même par un expert, car il peut commander à cette application
de se supprimer elle-même. Il dispose ainsi d’une collection assez fournie
d'outils de ce type issus de sa légendaire paranoïa, dont la plupart n’ont
heureusement jamais servi et ne serviront jamais, une panoplie totalement
dissimulée du parfait espion. En fait, il s'agit plus d'un jeu que d'un réel
besoin. C’est en tout cas ce que préfèrent penser ceux qui le
connaissent.
Cela inquiète un peu Hervé. Mais Alex le rassure :
—
Ce pauvre commissaire a visiblement un problème avec ce type qui s’est
volatilisé et dont personne ne connaît la véritable identité. Pour lui, il
s’agit d’une enquête criminelle. Il y a une personne disparue et une arme
qui a servi. Il doit trouver quelque chose à mettre dans un rapport. Il faut
bien comprendre que si tous ceux qui voulaient se débarrasser de leur
belle-mère pouvaient simplement l'emmener en croisière, la pousser par-dessus
bord et rentrer en disant : « Elle a dû sauter toute seule, on ne l'a pas
retrouvée. » la vie serait trop belle.
Devant le regard désapprobateur
de Nina, il rajoute :
— Bon, d'accord, c'est une image. Ça ne concerne
pas ta maman.
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